Lundi 1er mai à Ouagadougou, qui me rappelle
Lundi
1er mai à
Ouagadougou, qui me rappelle d’autres 1er mai, comme le 1er
94 à Berlin, où je regardais sur L’Alexanderplatz Mitterrand et Kohl chanter le
chant des partisans en français pour les 50 ans de la libération, ou bien le 1er
mai il y a deux ans à Calcutta où je me promenais toute la nuit dans les rues,
désespéré de devoir quitter la ville le lendemain.
Le fait de connecter
ces dates, superpose les lieux et ce qui les a conduit à être ce qu’ils sont au
moment où j’y suis, comme les éléments que je fais rencontrer et relie dans mes
images.
Journée africaine,
nous avons pris plusieurs bains et fait des siestes avant de pouvoir nous
mettre en marche vers 16 heures.
Nous avons demandé
au taxi de nous conduire au barrage de Boulmigou sur la route de Bobo. On longe
les faubourgs animés avec les boutiques et les fameuses enseignes africaines
puis on quitte rapidement la ville et on arrive au bord d’un lac presque
complètement asséché.
Les enfants se
roulent dans la boue et je pense que c’est pour les bienfaits que ça leur
procure, peut-être est ce un bain d’argile… nus et recouverts de terre séchée
ils ressemblent à des sadhous indiens qui se recouvrent de cendre et se
promènent nus dans les embouteillages de Bombay ou Calcutta.
J’ai pris un bon
nombre de photos des deux côtés de la route vers le lac asséché puis sur cette
route avec des cyclistes élégants qui se rendaient ou sortaient de Ouagadougou
et puis de l’autre côté avec les villages et les cultures de potagers pourtant
en plein Sahel.
C’est curieux il y a
toutes sortes d’échoppes avec des articles conçus pour les touristes, mais il
n’y a pas de touristes, je ne sais pas où s’écoulent tous ces objets qui
s’adressent à des personnes qui n’existent pas…
Nous sommes remontés
par l’avenue de Général de Gaule puis une autre, jusqu’au Palais Présidentiel.
L’atmosphère en fin
d’après-midi dans Ouagadougou est très agréable. La lumière est orangée, les
grandes avenues ombragées sont parcourues dans les deux sens de vélos et de
motos avec des visages calmes qui les conduisent. A la nuit tombée nous sommes
allés dîner dans le lieu où il faut dîner à Ouagadougou, le Gondwana.
Au nord de la ville
dans la zone du bois, différentes cases et tentes touaregs remplies de masques,
statues et tapis dans un très beau jardin.
Nous sommes servis
par des ouagalais mais c’est évidemment un jeune français qui a imaginé ce
lieu.
Nous avons discuté un moment avec lui, j’aime bien ces français qu’on rencontre un peu partout sur la planète et qui ont envie de s’offrir une vie un peu différente en créant un lieu qui leur ressemble dans un lieu de la planète qui ne leur ressemble pas.
J’en ai rencontré en
Inde mais aussi à Shanghai un 25 décembre dans l’église russe transformée en
restaurant branché.
Celui-ci était
réservé et courtois comme les ouagalais et visiblement ravi de vivre ici.
Moi, si on me
proposait de vivre un an à Ouagadougou je dirais oui, ils ont une façon pas si
désagréable de vivre le XXI ème siècle, moins angoissante que la notre !
Nous sommes revenus
vers Ouaga 2000 par des avenues encombrées puis des sortes d’autoroutes vides
avec des monuments martiens éclairés dans la nuit comme celui de la place
d’Afrique où on n’a l’impression d’être dans l’univers d’un film de science fiction
des années 70. Ca aussi ça me plait, mais quel que soit l’endroit où je me
trouve sur la planète je m’imagine facilement dans un film de science fiction
c’est une façon personnelle de m’amuser de ce XXI ème siècle.